L’équipe Baloise WB Ladies reste ouverte à l’intégration de wallonnes qui souhaitent découvrir le cyclisme. C’est l’essence même du projet porté par Ludivine Henrion, directrice de la structure basée à Limelette (Brabant-Wallon). Emma Delonville illustre bien cette volonté. La jeune femme de 19 ans, qui participera à ses premières compétitions lors de la saison 2024, a la particularité d’avoir joué dans le club renommé d’Anderlecht. “J’ai toujours aimé le football même si, au départ, ce n’était pas un sport très connu pour les femmes”. Elle se redirige désormais dans le cyclisme suite à une blessure à répétition.

Une première saison prometteuse à Anderlecht

Le début de son aventure sportive a commencé à l’âge de 8 ans. Elle a débuté le football dans son club de village. Six ans plus tard, elle a participé à une séance de tests organisée par “les Mauves”, son équipe de cœur. “Mes parents m’ont inscrit et j’ai été sélectionnée avec sept autres filles, sur une trentaine d’inscrites, se remémore-t-elle. C’était un rêve de gosse : quand on peut profiter de toutes les installations, des équipements offerts, ça met des étoiles plein les yeux”. En défense, sa première saison au sein du club d’Anderlecht, à 14 ans, s’est très bien passée. “J’étais très souvent alignée lors des matchs, souvent les 90 minutes. J’avais peut-être même une chance d’intégrer l’équipe nationale. J’allais aux entraînements par pur plaisir et non pas corvée”.

Malheureusement, Emma s’est blessée lors de sa deuxième année. Diagnostic : ligaments croisés à un genou. “J’ai dû être opérée. J’ai recommencé à jouer mais j’ai à nouveau été blessée à ce genou. Anderlecht m’a écarté. Il y avait plein de filles, derrière moi, qui attendaient une place et ils ne pouvaient pas accepter la répétition des blessures. Au total, j’ai dû passer 6 fois sur le billard. Malgré ses efforts pour recommencer le football, à un niveau inférieur, elle a dû se résoudre à abandonner son sport préféré. “J’ai été suivie chez un professeur spécialisé dans l’orthopédie à Anvers. Il m’a hélas annoncé que les sports de contact, avec changements de direction, c’était fini pour moi. Il fallait se faire une raison, déplore-t-elle. Ce n’était pas une interdiction mais si je recommençais, je pouvais me faire placer une prothèse de jambe. En tant que sportive, je me voyais mal ne plus faire de sport du tout”.

Un coaching personnalisé : “Chouette d’avoir un tel suivi”

C’est alors que le mari de sa kinésithérapeute, proche du monde du vélo, lui a proposé de se lancer dans le cyclisme. “A l’inverse du football, ça n’a pas de contrainte pour le genou. Il est venu acheter un vélo avec moi, j’ai commencé à rouler et j’ai adoré. J’ai de suite pris des contacts pour intégrer un club car rouler seule, ça passe mais c’est plus chouette en groupe. De plus, j’avais envie de compétition, ça me manquait. J’ai contacté Ludivine Henrion et elle m’a proposé de me tester chez Baloise WB Ladies”. Emma Delonville a donc débarqué à Lierneux, lors d’un stage d’entraînement en août 2023, avec l’appréhension de l’inconnu. “Je me retrouvais du jour au lendemain dans un sport où je devais découvrir beaucoup de choses, à dormir avec des filles que je connaissais pas du tout. Finalement, le courant est tout de suite passé et je me suis sentie bien intégrée. L’encadrement m’a directement mise en confiance. C’est vraiment une chouette ambiance”.

Membre de l’effectif 2024 dans la catégorie Élites/Espoirs, la résidente de Saint-Sauveur (Hainaut) a la soif d’apprendre et de progresser. “Je me suis fixée un objectif et ça me donne envie d’avancer. Je me suis pas en train de me morfondre quand je vois que mes copines jouent un match et que moi, je m’entraîne sur un vélo”. Emma suit un planning d’entraînement, concocté par le coach de l’équipe Robin Ernst, depuis quelques mois à peine. “J’ai tout à apprendre, comme rouler en peloton par exemple. Les entraînements collectifs sont intéressants à ce niveau-là car on se retrouve à 20 ou 30 filles. Déjà ici, on frotte un peu avec les roues. Sur une sortie au quotidien, on peut être accompagnée de l’une ou l’autre personne, mais pas davantage. Les coachings de Robin m’aident et ça permet de se projeter dès le matin. C’est chouette d’avoir un tel suivi, se réjouit-elle.

“On n’a rien sans rien”

Emma Delonville n’a pas encore fixé la date de sa première course. “Avec mes études, j’ai aussi un peu moins roulé que d’habitude et, sans mentir, ma première course, j’aurai juste l’objectif de la terminer, de découvrir, de travailler mon placement. Même si je décroche, j’aurai vu comment ça se passe. Quoi qu’il en soit, je commencerai surtout par des petites kermesses, histoire de me mettre dans le bain au début. Si je me sens bien, pourquoi pas participer à des plus grosses courses par la suite”. Elle souhaite garder les pieds sur terre, surtout lorsque d’aucuns osent la comparer à Remco Evenepoel, lui aussi ex-footballeur d’Anderlecht. “ça ne me gêne pas forcément, mais il s’est entraîné énormément pour en arriver là, donc je devrai faire pareil. On n’a rien sans rien et si j’arrive à un bon niveau, je sais que ce sera le fruit de plusieurs années de travail. Je ne me le cache pas”.

L’aspect technique et mécanique sera important à régler. Elle a pu observer la différence avec son sport précédent. “On peut être motivé à 100%, si on ne sait pas gérer son vélo, c’est compliqué. C’était dur au début mais je progresse bien en profitant des conseils des autres, notamment du staff. Au football, on joue avec un ballon, c’est plus simple et moins technique mais ici, il y a beaucoup à apprendre, surtout que je ne suis pas issue d’une famille de cyclistes”. A l’aube de la saison cycliste 2024, Emma Delonville imagine le chemin qui lui reste à accomplir, mais sait également d’où elle vient. “Le mental joue aussi un rôle primordial. Il faut parfois vraiment vouloir s’entraîner par tous temps alors qu’au football, s’il pleut, on joue en salle. Je pars du principe que j’irai jusqu’au maximum de mes limites, ajoute-t-elle. Si j’arrive à percer, je serai fière de ce que j’ai accompli, vis-à-vis de mon genou. J’ai exactement la même motivation qu’à l’époque où je jouais à Anderlecht.