Le groupe “élite” vient de terminer un gros bloc de courses UCI avec le Tour de la Semois. Cette épreuve, disputée dans les provinces de Namur et Luxembourg, est toujours une belle occasion de porter haut les couleurs des Baloise WB Ladies, au milieu des professionnelles. Des équipes comme Visma, DSM ou Movistar ont dynamité la course mais sans pouvoir réellement décrocher Eleanor Wiseman et Ursula Lindén, qui se classent respectivement 18e et 31e au classement final. “On peut être très satisfaits avec les deux filles qui terminent quasiment à chaque fois dans le bon groupe, déclare Ludivine Henrion, directrice sportive présente sur place. On compte presque deux Tops 30 au général, dont un Top 20 avec Eleanor, donc on peut être vraiment contents avec ça. On a été à la bagarre avec les équipes continentales. De plus, Lola a fait une belle première étape en pouvant aller au bout”.

La grande découverte de Lola Hardenne

La course par étapes était l’occasion pour la direction sportive de tester Lola Hardenne, juniore 2e année issue de Marche-en-Famenne, sur une course avec les élites. Il s’agissait de sa première compétition UCI dans la catégorie supérieure. “Le niveau était impressionnant. Rien qu’en voyant les camions des grosses équipes et les noms sur la liste de départ, ça fait plaisir d’être là, dit Lola Hardenne. Puis, je me suis dit que ça allait être dur et ça l’était. Le parcours en lui-même était déjà exigeant et le niveau était haut”. Membre d’un deuxième peloton durant une grosse partie de la première étape, elle a connu quelques ennuis sur le circuit final. “J’ai subi des crampes sur le circuit final. J’ai dû lâcher ce peloton, puis je me suis retrouvée seule. Au moment où j’ai essayé de rentrer sur un petit groupe qui était juste devant moi, j’ai déraillé. Ce n’était plus possible de rentrer et j’ai fait les 30 derniers kilomètres toute seule”.

C’est au courage, et sous les encouragements de ses supporters, qu’elle a rallié l’arrivée le premier jour, vendredi. “Mon objectif était de finir, j’étais donc très contente de pouvoir repartir samedi”, raconte Lola Hardenne, qui avait puisé dans ses réserves avant une étape finale également exigeante en terme de dénivelé. “J’avais mal aux jambes et je n’ai pu faire que le premier grand tour, avant d’être arrêtée. J’étais déçue de ne pas terminer mais je me dis que c’était une chouette expérience, qu’il y avait du niveau. Ce n’était pas comme si je ne finissais pas une course junior, souligne-t-elle. Je sais que je devrai encore plus bosser, notamment les intensités. J’aimerais finir dans le peloton l’année prochaine”. La jeune femme de 18 ans tire malgré tout un bilan positif de cette expérience. “J’ai trouvé ça très chouette comme week-end. J’aime ce genre de parcours, peut-être moins pendant la course car c’est intensif, mais ça change des kermesses plates. ça fait aussi plaisir d’évoluer à côté des grosses équipes, de se dire que je ne suis pas là pour rien”.

Une récompense pour Eleanor Wiseman, 1ère membre d’un club à l’arrivée

© Thierry De Bruyn

Eleanor Wiseman, première membre des Baloise WB Ladies au classement final, était attentive à l’évolution de Lola Hardenne durant l’épreuve. “Le public ne se rend pas forcément compte à quel point c’est difficile. Le niveau est vraiment haut, insiste-t-elle. Pouvoir terminer la 1ère étape, en tant que juniore pour première course UCI élite, c’est déjà un accomplissement énorme. La première fois que je suis venue ici, j’étais aussi l’une des dernières mais j’étais contente de terminer. C’est top en tant que juniore de pouvoir se tester face au meilleur niveau”. A 34 ans, elle revient toujours sur le Tour de la Semois avec un sentiment particulier. “J’ai roulé ma toute première course à Vresse en 2020. Le parcours me convient bien et ça me motive de montrer qu’on peut rivaliser avec les grosses équipes”.

C’est ce qu’elle a tenté de faire lors des deux journées de course, malgré de brusques accélérations des structures professionnelles. “Au début de la première étape, je ne m’attendais pas à ce que ça éclate dès le début. Heureusement, nous sommes parvenues à rentrer et ensuite, j’arrivais à tenir la cadence. Sur le circuit final, j’ai pu accrocher le groupe des favorites au 1er passage du col de Conrad, relate-t-elle. Peu avant le dernier tour, j’ai fait seule le bond pour rejoindre une échappée et c’était peut-être une erreur, car on s’est fait reprendre juste avant le dernier passage au Conrad. Au sommet, j’ai basculé avec quelques secondes de retard sur le groupe de tête et je n’ai pas pu boucher le trou”. Présente dans le premier groupe de poursuite, Eleanor Wiseman a sprinté pour une place d’honneurs qui lui a rapporté gros. Première membre d’un club à l’arrivée, elle a été récompensée par l’organisation sur le podium de départ, le lendemain.

Le Top 20, mission accomplie

© Thierry De Bruyn

La deuxième étape a permis à Eleanor de finir dans le groupe principal, qui s’est joué la victoire à Bertrix. Elle a remonté au classement général et s’est finalement classée 18e de l’épreuve et 2e belge. Devant elle, uniquement des professionnelles, dont 8 ayant participé au Tour de France Femmes le mois dernier. “J’étais un peu déçue de ne pas avoir pu accrocher le bon groupe le premier jour, mais je suis fière d’avoir tenté ma chance dans l’échappée qui précédait. Quand je vois les noms qui m’entourent, ça fait plaisir de pouvoir rivaliser avec Visma, Liv, DSM, UAE, toutes ces grosses équipes. ça rassure un peu. C’était mon objectif de claquer un Top 20 sur une course de ce niveau, en particulier sur le Tour de la Semois où je tournais toujours autour et c’est à présent réussi”.

La Bruxelloise est heureuse de pouvoir accrocher ce classement, d’autant plus qu’elle a accumulé la malchance, entre chutes et ennuis mécaniques. “Quand les problèmes se succèdent les uns après les autres, on se pose des questions. En arrivant ici, je ne me suis mise aucune pression de résultat, je voulais juste donner le meilleur de moi-même. Ça m’a réussi”. Eleanor Wiseman retient tout de même de bons moments dans cette année 2024. “J’ai vécu un très bon début de saison aux Etats-Unis, notamment avec ma 3e place au Tour de Gila. J’ai aussi ramené un maillot distinctif au Vermarc Cycling Project”. Elle est reconnaissante envers l’encadrement et remarque l’évolution de la structure Baloise WB Ladies. “L’équipe s’est bien professionnalisée. On a accès à beaucoup de choses au niveau logistique, des massages etc. Ça fait plaisir de voir que le staff investit beaucoup en nous. Le calendrier est chouette également, même si ce n’est pas toujours les courses qui me conviennent mais j’ai montré que je pouvais aider”.